Pourquoi l’événement « donne-t-il à penser » ? Peut-être de par la façon dont il dé-figure l’ir-réductible. Je n’entends pas le verbe défigurer (et le substantif qui en découle, défigurement) comme « abîmer, altérer le visage de quelqu’un », mais je propose plutôt de le lire en suivant la double valeur du préfixe « dé » qui indique non seulement une privation (dépouiller, décentraliser...) mais aussi un agrandissement (tout comme dé-nommer [et dé-nomination] signifient « donner le nom », désigner, dénoter). Défigurement signifie, dans le contexte qui est le nôtre, donner un visage ; non pas altérer, supprimer ou abîmer un visage, mais donner un nouveau visage, une nouvelle figure . L’événement dé-figure l’ir-réductible d’une façon spéciale. Tenter un ir-réductible veut également dire tenter un ir-renonçable en sortant ainsi d’une optionnalité philosophique qui finit par contraindre la pensée dans des alternatives de principe. Ce qui ne veut pas dire ignorer qu’à l’origine du geste philosophique il y ait un choix, une « option pour » une voie plutôt que pour une autre, mais, de mon point de vue, tenter un ir-réductible veut bien dire chercher le motif épistémologique qui est le non-fond du surgissement même de l’option. Motif que j’appelle « épistémologique » voulant indiquer par cet adjectif le fait qu’il est une condition de possibilité que « quelque chose » se donne à la pensée. Je parle donc d’ir-réductible comme motif épistémologique en indiquant par ce terme ce qui fait surgir les conditions mêmes de possibilité que quelque chose est pensable. S’il est atteint épistémologiquement, l’ir-réductible se dé-figure aussi comme ir-renonçable, c’est-à-dire comme étant tel que, s’il est renoncé, il fait renoncer à ce qui fait surgir la pensée. Ir-renonçable ne veut pas dire ir-refusable, parce que l’on peut bien se refuser à l’ir-réductible : bien au contraire, cet « adjectif » est une autre façon de dire que « Il n’y a pas de Tout / Il n’y a pas de Néant. Il y a / seulement l’il n’y a pas » ; à savoir, c’est une autre façon de dire que l’ « il y a » est originaire. L’ir-réductible est ir-renonçable dans la mesure où l’ « il y a » l’est aussi.

Naissance et origine

CANULLO, Carla
2005-01-01

Abstract

Pourquoi l’événement « donne-t-il à penser » ? Peut-être de par la façon dont il dé-figure l’ir-réductible. Je n’entends pas le verbe défigurer (et le substantif qui en découle, défigurement) comme « abîmer, altérer le visage de quelqu’un », mais je propose plutôt de le lire en suivant la double valeur du préfixe « dé » qui indique non seulement une privation (dépouiller, décentraliser...) mais aussi un agrandissement (tout comme dé-nommer [et dé-nomination] signifient « donner le nom », désigner, dénoter). Défigurement signifie, dans le contexte qui est le nôtre, donner un visage ; non pas altérer, supprimer ou abîmer un visage, mais donner un nouveau visage, une nouvelle figure . L’événement dé-figure l’ir-réductible d’une façon spéciale. Tenter un ir-réductible veut également dire tenter un ir-renonçable en sortant ainsi d’une optionnalité philosophique qui finit par contraindre la pensée dans des alternatives de principe. Ce qui ne veut pas dire ignorer qu’à l’origine du geste philosophique il y ait un choix, une « option pour » une voie plutôt que pour une autre, mais, de mon point de vue, tenter un ir-réductible veut bien dire chercher le motif épistémologique qui est le non-fond du surgissement même de l’option. Motif que j’appelle « épistémologique » voulant indiquer par cet adjectif le fait qu’il est une condition de possibilité que « quelque chose » se donne à la pensée. Je parle donc d’ir-réductible comme motif épistémologique en indiquant par ce terme ce qui fait surgir les conditions mêmes de possibilité que quelque chose est pensable. S’il est atteint épistémologiquement, l’ir-réductible se dé-figure aussi comme ir-renonçable, c’est-à-dire comme étant tel que, s’il est renoncé, il fait renoncer à ce qui fait surgir la pensée. Ir-renonçable ne veut pas dire ir-refusable, parce que l’on peut bien se refuser à l’ir-réductible : bien au contraire, cet « adjectif » est une autre façon de dire que « Il n’y a pas de Tout / Il n’y a pas de Néant. Il y a / seulement l’il n’y a pas » ; à savoir, c’est une autre façon de dire que l’ « il y a » est originaire. L’ir-réductible est ir-renonçable dans la mesure où l’ « il y a » l’est aussi.
2005
Paris : Institut catholique 1996-
Internazionale
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