Bien avant que Hegel écrivait dans son Kritisches Journal der Philosophie que la philosophie n’est pas faite pour la populace, Calliclès, dans le Gorgias, dit à Socrate que si ce qu’il dit correspond au vrai, la vie que les hommes ont vécus jusqu’à ce moment sera renversée. Il s’agit de la même situation de renversement auquel Hegel ne cessera de relever et dont la diffusion montre jusqu’à quel point il s’agit d’un fait aussi bien banal que sous les yeux de tout le monde : l’idée que la philosophie, lorsqu’elle poursuit ses démarches, est capable de renverser le monde en dépassant la surfasse « satinée » des choses afin que ce qu’on ne voit se montre ; ce qu’on ne voit pas et, pourtant, qui est depuis toujours « là ». On peut concevoir ce renversement en deux sens, à savoir comme renversement thématique, selon ce qu’exprime le mot allemand Umkehrung, ce mot indiquant le tournant, le changement de direction. Ou bien, on peut concevoir ce renversement en un second sens, dans le sillage du mot allemand Umschlag, désignant aussi bien le pli, l’enveloppe que l’envers. Suivant cette indication, le renversement n’est pas seulement thématique mais il s’agit aussi d’un renversement portant à manifestation ce qui demeure à l’intérieur, et don qui n’est pas encore manifeste, mais qui pourtant a incidence sur la manifestation. Et étant donné que lorsqu’on parle d’envers, on ne se borne pas à la description d’un procédé mais on est vis-à-vis d’une pratique, et étant donné que lorsque il s’agit d’une pratique, il faut que celle-ci soit vérifiée aussi bien qu’éprouvée, il faudra d’abord vérifier qu’une lecture à l’envers soit possible.
Le monde à l'envers. Michel Henry lecteur de Marx
CANULLO, Carla
2016-01-01
Abstract
Bien avant que Hegel écrivait dans son Kritisches Journal der Philosophie que la philosophie n’est pas faite pour la populace, Calliclès, dans le Gorgias, dit à Socrate que si ce qu’il dit correspond au vrai, la vie que les hommes ont vécus jusqu’à ce moment sera renversée. Il s’agit de la même situation de renversement auquel Hegel ne cessera de relever et dont la diffusion montre jusqu’à quel point il s’agit d’un fait aussi bien banal que sous les yeux de tout le monde : l’idée que la philosophie, lorsqu’elle poursuit ses démarches, est capable de renverser le monde en dépassant la surfasse « satinée » des choses afin que ce qu’on ne voit se montre ; ce qu’on ne voit pas et, pourtant, qui est depuis toujours « là ». On peut concevoir ce renversement en deux sens, à savoir comme renversement thématique, selon ce qu’exprime le mot allemand Umkehrung, ce mot indiquant le tournant, le changement de direction. Ou bien, on peut concevoir ce renversement en un second sens, dans le sillage du mot allemand Umschlag, désignant aussi bien le pli, l’enveloppe que l’envers. Suivant cette indication, le renversement n’est pas seulement thématique mais il s’agit aussi d’un renversement portant à manifestation ce qui demeure à l’intérieur, et don qui n’est pas encore manifeste, mais qui pourtant a incidence sur la manifestation. Et étant donné que lorsqu’on parle d’envers, on ne se borne pas à la description d’un procédé mais on est vis-à-vis d’une pratique, et étant donné que lorsque il s’agit d’une pratique, il faut que celle-ci soit vérifiée aussi bien qu’éprouvée, il faudra d’abord vérifier qu’une lecture à l’envers soit possible.File | Dimensione | Formato | |
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