De Kant à la phénoménologie : est-il vraiment possible de passer d’une question à l’autre ? Ce passage, peut-il se donner aussi bien que se légitimer? En effet, entre le « que » et le « comment », l’écart est à tel point apparemment irrémédiable qu’il risque de délégitimer – sans appel – tout passage et, donc, ce même parcours. Il s’agit de l’écart entre un « quelque chose (was) » qui, d’après Kant, perce vers un domaine bien cerné et clair, celui du Schlüß (conclusion, déduction ou inférence) de l’espoir, donc de la religion et de postulats de la Critique de la raison pratique, et un « comment (wie) » visant à atteindre la racine même de l’acte de l’espérer et, en général, de tout acte et vécu du moi, s’exposant au risque de dépouiller cet acte de toute son originalité. La question de l’espoir s’annonce dans la deuxième section du Canon, De l’idéal du souverain Bien comme fondement pour la détermination de la fin dernière de la raison pure. Dans cette page très célèbre, Kant formule trois questions : « Que puis-je savoir (Was kann ich wissen/können) ? Que dois-je faire (Was soll ich tun sollen) ? Que m’est-il permis d’espérer (Was darf ich hoffen/dürfen) ?», où la première question est spéculative, la deuxième pratique, la troisième aussi bien spéculative que pratique. Or, tout espoir, selon Kant, vise le bonheur, étant celui-ci censé satisfaire tous nos tendances. Mais, on l’a déjà remarqué, l’espoir kantien se caractérise aussi par sa capacité de « déduire » (ou « conclure » ou « inférer ») un certain « que », et notre avis est que c’est tout spécialement ce motif ce qui, au moins à un premier regard, empêche l’approche des deux questions, et donc le parcours phénoménologique du « que » au « comment », car la phénoménologie ne pose et présuppose aucun « que ». Or, notre choix de partir de Kant ne se justifie que dans le but d’aborder ce nœud problématique.
Du « que m’est-il permis d’espérer ? » de Kant au « comment puis-je espérer ? » : un parcours phénoménologique
CANULLO, Carla
2015-01-01
Abstract
De Kant à la phénoménologie : est-il vraiment possible de passer d’une question à l’autre ? Ce passage, peut-il se donner aussi bien que se légitimer? En effet, entre le « que » et le « comment », l’écart est à tel point apparemment irrémédiable qu’il risque de délégitimer – sans appel – tout passage et, donc, ce même parcours. Il s’agit de l’écart entre un « quelque chose (was) » qui, d’après Kant, perce vers un domaine bien cerné et clair, celui du Schlüß (conclusion, déduction ou inférence) de l’espoir, donc de la religion et de postulats de la Critique de la raison pratique, et un « comment (wie) » visant à atteindre la racine même de l’acte de l’espérer et, en général, de tout acte et vécu du moi, s’exposant au risque de dépouiller cet acte de toute son originalité. La question de l’espoir s’annonce dans la deuxième section du Canon, De l’idéal du souverain Bien comme fondement pour la détermination de la fin dernière de la raison pure. Dans cette page très célèbre, Kant formule trois questions : « Que puis-je savoir (Was kann ich wissen/können) ? Que dois-je faire (Was soll ich tun sollen) ? Que m’est-il permis d’espérer (Was darf ich hoffen/dürfen) ?», où la première question est spéculative, la deuxième pratique, la troisième aussi bien spéculative que pratique. Or, tout espoir, selon Kant, vise le bonheur, étant celui-ci censé satisfaire tous nos tendances. Mais, on l’a déjà remarqué, l’espoir kantien se caractérise aussi par sa capacité de « déduire » (ou « conclure » ou « inférer ») un certain « que », et notre avis est que c’est tout spécialement ce motif ce qui, au moins à un premier regard, empêche l’approche des deux questions, et donc le parcours phénoménologique du « que » au « comment », car la phénoménologie ne pose et présuppose aucun « que ». Or, notre choix de partir de Kant ne se justifie que dans le but d’aborder ce nœud problématique.File | Dimensione | Formato | |
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